7 Mai 1940 7 mai 1940 Mon Commandant. Au moment de quitter, avec le C.A. La zone des étapes où nous étions cantonnés, j'ai reçu votre mot du 29.4 avec le Mémento de l'officier de Transmissions et un tableau n°4. Je vous remercie très sincèrement de ces envois. Nous venons de monter et de relever le camarade Jobert qui prend notre place en Champagne et que vous verrez donc prochainement. Je me suis donc mis en rapport avec l'Armée et fait la connaissance du capitaine Siman et revu notre camarade Hardoin. J'espère que tout marchera bien dans nos rapports. J'ai reçu d'autre part hier le tableau 4-supplément ainsi que les différentes notes 437.ZFL. I.768/2S qui vont avec. Il n'y a pas eu grand chose de fait au point de vue écoute par ici et je vais essayer de faire du travail profitable. Vous avez reçu d'une manière si avenante mes suggestions que je me permets de vous en soumettre une autre. Elle concerne les alphabets de substitution pour les machines. Actuellement les colonnes sont les mêmes pour les alphabets de B 211 et C 36. Seules changent les têtes de colonne.De ce fait les groupes clefs ont une correspondance pour les deux machines, c'est-à-dire qu'ils donnent une clef possibles pour les deux machines (ces deux clefs étant d'ailleurs différentes l'une de l'autre) Or, de fait, il arrive que les armées, envoyant un télégramme circulaire à des C.A. et à des D.I. dépendant d'elles, utilisent à cette fin la machine C 36. Le chiffreur du C.A. recevant sont télégramme est donc obligé : 1°/ de sortir ses documents grande machine 2°/ de sortir sa clef 3°/ de la mettre sur la machine 4°/ d'essayer quelques groupes puis, devant un insuccès, de refaire la même chose avec la petite machine, * d'où une perte de temps qui semble inutile et pouvoir facilement être évitée. Qu'à-t-on cherché en dotant les deux systèmes de caractéristiques semblables ? A donner aux télégrammes sortant des deux machines des « gueules » identiques. Mais il y a danger. Du fait de la multiplicité des télégrammes, due à la mise en service de la petite machine, POUR TOUTES LES armées, dans les groupes-clefs, une lettre d'un premier groupe-clef aura pour correspondant dans le 2ème groupes 3 lettres possibles qui seront toujours les mêmes. Si donc un cryptologue ennemi ne pourra pas connaître les lettres choisies par le chiffreur, il pourra du moins, - reconnaître l'emplacement des deux groupes-clefs, - reconstituer pour toutes les armées les alphabets de substitution. Le résultat cherché plus haut pourrait être obtenu de la même manière en décalant les 2 alphabets de substitution l'un vis-à-vis de l'autre. De cette manière 1°/ le destinataire verrait de suite avec quelle machine le télégramme a été chiffré, 2°/ tout en gardant aux télégrammes une « gueule » identique, les groupes clefs seraient moins facilement reconnaissables. 3°/ les alphabets de substitution seraient moins facilement reconnaissables.